mercredi 17 octobre 2012

La terre crue a ses nouveaux ambassadeurs



Barbezieux Saint-Hilaire

La terre crue a ses nouveaux ambassadeurs

L'association Terre massoune tiendra son assemblée constituante samedi. Son but : préserver les bâtiments en terre crue et promouvoir ce matériau traditionnel.

Auteur-compositeur-interprète, Stéphane Traumat met sa notoriété publique au service de la terre crue.

Auteur-compositeur-interprète, Stéphane Traumat met sa notoriété publique au service de la terre crue. (photo d. l.)

Sous un crépi ou un banal enduit se cache parfois un trésor. Des murs en terre crue que Stéphane Traumat reconnaît d'un seul coup d'œil. L'homme, connu aussi pour son talent d'auteur-compositeur-interprète, a arpenté le village du Tâtre pendant des années et peut s'arrêter devant chaque fissure qui dévoile ce matériau traditionnel.
Utilisé depuis des siècles, il se compose d'un mélange d'argile, de sable et d'eau. « On le trouve surtout dans de vieux bâtiments agricoles souvent sous forme de briques. »
Il est intarissable sur les propriétés de ces murs dits de « clairons » ou de « tappes » et leurs vertus « extraordinaires » : très bons isolants thermiques et sonores, parfaits régulateurs hygrométriques dotés d'un bilan carbone quasiment nul en raison des nombreuses veines argileuses présentes dans la région, le tout pour un prix imbattable.
Patrimoine en danger À tel point qu'il mène actuellement à Châtignac un projet d'auto-construction écologique où la terre crue, dont l'argile a été piochée dans le jardin, s'est imposée comme l'un des principaux matériaux. Pourtant, il lui a fallu parcourir la planète pour être sensibilisé à cette technique écologique et résistante. 70 % environ des constructions sur la surface du globe sont à base de terre crue : adobe, pisé, bauge, torchis…
« J'ai enfin compris ce que j'avais sous les yeux, mais que je ne voyais pas et que beaucoup méconnaissent encore aujourd'hui et détruisent sans savoir. » Une prise de conscience sur un patrimoine en danger qu'il partage avec un autre natif de la région de retour au pays, Manuel Gomes, architecte.
Ensemble, ils lanceront samedi l'association Terre massoune d'après le patois saintongeais pour maçonner. « Car les vieux murs en pierre de nos campagnes ont souvent été érigés avec de la terre crue pour mortier », rappelle Stéphane Traumat.
L'association aura pour but de recenser et préserver le patrimoine lié aux usages de la terre crue (brique, mortier, enduit) et de l'argile en général sur une vaste zone qui s'étire de l'Angoumois méridional à la Haute-Saintonge. Elle envisage dans un second temps de développer et soutenir les techniques anciennes ou nouvelles liées à ce matériau : architecture de terre crue, mais également arts, poterie, briqueterie, tuilerie.
« Notre mémoire profonde » « Il n'est pas question de mettre sous cloche ce patrimoine, mais de démontrer qu'il participe à notre identité culturelle et à notre mémoire profonde et qu'il peut aussi être porteur d'avenir. » Pour Stéphane Traumat et Manuel Gomes, il est possible de faire que le matériau argile redevienne source d'activités et de richesse comme dans de nombreuses autres régions de France. Un premier bâtiment public en terre crue est en construction dans le Gers. Il accueillera une école élémentaire à la rentrée 2013.
L'assemblée générale constituante de l'association Terre massoune aura lieu samedi, à 14 h 30 à la mairie du Tâtre. Toutes les personnes susceptibles d'y amener leurs connaissances, compétences et expertises sont les bienvenues. La réunion sera suivie d'une balade sur un site de la commune liée aux usages de l'argile.

Delphine Lamy