mardi 19 novembre 2013

Compte-rendu de l'AG du 16 novembre


Publié le 19/11/2013 à 06h00 
Par Delphine Lamy

La terre crue, un matériau d’avenir

L’association Terre Massoune œuvre à la promotion de la terre crue. Un matériau traditionnel plein d’avenir.

Après un mur en terre crue, un bâtiment-témoin pourrait être érigé à la tuilerie du Tâtre.

Après un mur en terre crue, un bâtiment-témoin pourrait être érigé à la tuilerie du Tâtre. (Photo Delphine Lamy)


Les landes du Sud-Charente cachent de nombreuses veines et poches d’argile. Un des composants de la terre crue qui servit de matériau de construction dans la région avant d’être supplanté par le béton à l’heure des Trente Glorieuses. Subsistent aujourd’hui quelques rares granges, fours à pains et maisons. Un patrimoine en danger, souvent en mauvais état et méprisé car considéré comme un matériau pauvre, que Terre Massoune (1) a souhaité sortir de l’anonymat.

Créée en octobre 2012, l’association œuvre depuis un an à la promotion de la terre crue. « Un outil de défense du patrimoine mais aussi tourné vers l’avenir », ajoute son président, Stéphane Traumat. Il a dressé le bilan de l’année écoulée lors de l’assemblée générale qui s’est tenue le samedi 16 novembre à Lamérac. Les bénévoles (une vingtaine d’adhérents) ont démarré un inventaire des bâtiments en terre crue, qui va se poursuivre en 2014 avec le soutien de la Communauté de communes des 4 B, à découvrir sur le site internet (2) de l’association. Ils sont aussi intervenus sur une vieille grange vouée à la démolition « pour récupérer des briques en terre crue que nous avons réutilisées pour la construction d’un muret à l’ancienne tuilerie du Tâtre, à l’occasion des Journées du patrimoine des 4B sur le thème de l’argile ». Car Stéphane Traumat en est persuadé : « L’avenir de ce patrimoine passera davantage dans la construction que dans la préservation de l’existant qui disparaît à vitesse grand V. »

Des écoconstructeurs ont contacté l’association en quête d’informations sur la terre crue, un matériau en phase avec les préoccupations environnementales du moment : peu ou pas de transport, des qualités d’inertie et de régulation de l’humidité… « Des particuliers ont même déjà sauté le pas après notre démonstration au Tâtre, dont une dame qui a monté un mur capteur derrière son poêle à bois. »
Après cette prise de conscience et afin de susciter de nouvelles vocations, Terre Massoune va participer à la construction d’un poêle de masse pour chauffer la serre des jardins du centre socioculturel du Barbezilien, à Saint-Médard. L’association fournira les matériaux car elle continue de récupérer des briques. Elle est aujourd’hui à la recherche d’un site pour les stocker. Autre gros projet programmé à l’automne 2014, une exposition à l’Espinoa, à Baignes, sur les autres usages de l’argile et notamment en matière de poterie culinaire. « Beaucoup de gens veulent sortir du tout téflon et se tournent vers les ustensiles en terre », constate Stéphane Traumat. Il rêve qu’un potier se réinstalle en Sud-Charente pour lancer une production. Le début d’une filière structurée autour de l’argile, à l’instar de ce qui existe dans le Bas-Quercy, avec un fabricant de poterie mais aussi des artisans et des architectes en capacité de rénover des bâtiments en terre crue et surtout de construire du neuf.
(1) comme terre à maçonner. (2) http://terremassoune.blogspot.fr