mardi 16 octobre 2012

La terre, une richesse d'avenir pour le bâtiment

Sud

le Tâtre: La terre, une richesse d'avenir pour le bâtiment

L'artiste et l'architecte veulent remettre la terre au goût du jour. Comme matériau de construction. C'est l'objet de l'association qui sera constituée samedi au Tâtre.
Au village des «Poteries», Cindy Bonin aimerait revitaliser son patrimoine en terre. C\'est l\'objectif de l\'association que Stéphane Traumat va créer avec l\'architecte Manuel Gomes.Photo CL
Au village des «Poteries», Cindy Bonin aimerait revitaliser son patrimoine en terre. C'est l'objectif de l'association que Stéphane Traumat va créer avec l'architecte Manuel Gomes.Photo CL
Dans certaines régions du Sud-Charente, il n'y a qu'à se pencher pour la trouver. Trouver quoi? La matière pour construire sa propre maison. C'est la terre argileuse. Une terre utilisée autrefois pour construire fours à pain, granges et des maisons multicentenaires. C'est ce filon, largement oublié, que deux habitants de la région, Stéphane Traumat, l'artiste, et Manuel Gomez l'architecte, veulent ranimer en créant une nouvelle association «Terre Massoune», comme terre à maçonner.
Le premier sait d'autant mieux de quoi il parle qu'il construit lui-même à Châtignac sa propre maison avec ces briques de terre crue que l'on appelle aussi les doucins ou les clairons. Le second a installé son atelier à Barbezieux en 2010. Il connaît la terre du Sud-Charente. Il a consacré un mémoire aux éléments et matériaux naturels utilisés pour l'architecture et travaille dans une démarche écologique.
Ils rassembleront les premières bonnes volontés au Tâtre, que l'on appelait aussi le village des potiers. C'est également là que se trouvent une ancienne briqueterie et un village qui s'appelle toujours «Les Poteries». «On dit toujours que le Sud-Charente est pauvre. Or il suffit de se pencher pour trouver la terre. C'est un matériau disponible. Dans le Gers, en Bretagne on réutilise ce matériau, on réveille les techniques anciennes. Près de Toulouse, on vient même de construire une école en terre crue», indique Stéphane Traumat. Il y voit là une belle opportunité. «Mais d'abord nous voulons favoriser une prise de conscience des habitants, recenser les témoignages de cette architecture et tenter de sauver encore ce qui peut l'être», souligne Stéphane Traumat.
«Connaître la technique, savoir comment faire»
C'est bien la volonté de Cindy Bodin. Elle vit dans la maison de famille au Tâtre, justement au village des «Poteries». «Que l'on appelait avant "Les Grandes-Poteries", sans doute parce que les potiers y étaient nombreux», raconte-t-elle. Sa maison, la grange attenante ont été construites en terre. La grange se dégrade de même qu'une petite dépendance voisine. «Je m'intéresse vraiment à ces travaux de rénovation depuis quelques années. Mais il faut connaître la technique, savoir comment faire.» C'est aussi l'objectif de l'association. «Car la terre n'est pas un matériau si fragile même s'il faut la protéger de l'humidité. J'aimerais voir dans quel état seront toutes ces maisons en parpaings dans un siècle», Continue Stéphane Traumat.
Manuel Gomes, l'architecte, parle volontiers des immeubles de trois étages qui sont construits en terre. «Il existe des centaines d'exemples comme celui-ci. Mais on se heurte à de fortes résistances, liées à la méconnaissance, au manque de formation. Notre idée, c'est de montrer qu'une richesse locale peut profiter au développement du territoire. Ce n'est pas une démarche muséale», ajoute-t-il.
Assemblée générale constitutive de l'association «Terre Massoune», samedi à 14h30
à la mairie du Tâtre.